Ma maman, en juillet, elle nous a abandonnés pour aller « travailler » au Cap Vert. Je mets des guillemets à travailler, parce que bon, quand j’ai vu sa valise, il y avait de quoi se poser des questions… C’est un peu comme lorsqu’elle va en Guyane…
Mais plutôt que de médire, laissez-moi vous dire ce que j’ai appris sur le Cap Vert, depuis que ma maman elle y est allée.
Le Cap Vert, c’est un ensemble d’îles volcaniques, au large du Sénégal. C’est une ancienne colonie portugaise, indépendante depuis 1975. Ma maman, elle a atterrit sur l’île principale, Sao Tiago, où se trouve la capitale, Praia- ça veut dire plage en portugais. Au Cap Vert, les habitants parlent portugais (la langue officielle) et créole (la langue nationale).
Ma maman a passé deux jours a Praia, pour son travail, dans des conditions très difficiles: la piscine de l’hôtel était en plein soleil, le buffet des desserts était trop copieux, et il y avait du vent dans les salles de conférence 😉
La piscine trop chaude en plein soleil…
Le buffet de dessert trop copieux…
La salle de conférence venteuse…
Après son calvaire à Praia ;-), ma maman, elle est partie pour le nord-est de l’île pour explorer un peu. Pour se déplacer dans l’île, tout le monde prend des « aluguers », c’est-à-dire des taxis collectifs.
Pour prendre un aluguer; il faut se mettre n’importe où au bord de la route et faire signe aux aluguers qui passent. Personne n’a l’air de savoir ou va l’aluguer, ils s’arrêtent 3 plombes au milieu de nulle part, ils font demi-tour pour reprendre des gens, en gros, il ne faut pas être pressé.
C’est comme ça que ma maman a été se promener dans des champs de papayers, cocotiers, bananes, etc. Et franchement, faire pousser des fruits et des légumes dans un pays aussi sec, c’est vraiment un exploit.
Il paraît que ça fait des années qu’il n’a quasiment pas plu et tous les puits et rivières sont à sec. D’ailleurs, c’est vrai que pour un pays qui s’appelle le Cap Vert… c’est pas très vert. Ma maman y était en début de saison des pluies, sauf que cette année non plus, il ne pleut pas :-(.
En dehors des hôtels, les habitants n’ont de l’eau qu’un jour sur deux et par intermittence. C’est sûr que c’est pas comme chez nous où moi et ma petite soeur, on peut inonder la salle de bain à chaque fois qu’on se douche et qu’on sait pas la chance qu’on a.
Des enfants qui vont chercher de l’eau.
un puits, quasiment à sec
Un autre jour, ma maman, elle est allée à Santa Cruz pour une fête où il y avait une course de chevaux au bord de la mer.
La course, elle avait lieu sur une piste en terre au bord de la mer et les gens criaient très fort pour encourager leur cheval. A un moment, un cavalier est tombé et son cheval s’est enfuit le long de la côte dans un nuage de poussière.
Du coup, tous les enfants sont partis en courant à sa recherche. Comme ils n’arrivaient pas à le retrouver, au bout d’un moment, des mecs en moto cross sont venus à la rescousse, ce qui n’a pas du tout aidé à retrouver le cheval, au contraire.
(là, si vous avez de bon yeux, vous verrez que le 3ème cheval n’a plus de cavalier)
Pour rentrer de sa course de chevaux, ma maman a repris un aluguer. A la tombée de la nuit. Le truc à ne pas faire…
Là, ma maman s’est rendue compte que les aluguers, en journée, ils s’arrêtent tous les 200 mètres pour prendre ou déposer quelqu’un. Du coup, elle ne s’était pas vraiment aperçu qu’en fait, ce sont tous des psychopathes du volant. La nuit, quand il y a moins de monde, ils donnent libre cours à leurs pulsions. Ils mettent la musique à fond, avec une préférence pour les tubes des années 80 (Eye of the Tiger). Ils font rugir le moteur, ils montent à plus de 100 km heure sur des routes montagneuses non éclairées avec leur camionnette qui vibre de partout. ils se doublent en klaxonnant. Et le top du fun de la mort qui tue (c’est le cas de le dire) c’est que, quand la route (non éclairée) est un peu droite, ils éteignent les phares, ils accélèrent encore plus et tout le monde fait YOU YOU YOU en applaudissant pour encourager le chauffeur psychopathe suicidaire.
Là, ma maman s’est dit qu’elle n’allait jamais revoir sa famille et ses enfants chéris et elle a vraiment regretté d’être allée travailler au Cap Vert plutôt que de partir sagement en vacances en Bretagne avec nous. Comme quoi il y a une justice.
Heureusement, après les 30 mn les plus longues de sa vie, ma maman est quand même arrivée saine et sauve à la pension. Elle a bu trois grogues d’affilée pour se remettre. Le grogue, c’est la boisson nationale du Cap Vert, c’est une sorte de jus de fruit inoffensif à base de canne à sucre, à 50° d’alcool 😉
Les autres jours, ma maman a essayé de prendre des taxis individuels plutôt que les aluguers. C’est beaucoup plus cher et en fait, c’est quasiment aussi dangereux.
Elle a aussi croisé un mec très sympa, responsable du Petit Futé Cap Vert (ça tombe bien) et elle a squatté sa voiture :-), ça, c’était drôlement bien, parce qu’il conduisait drôlement mieux que les conducteurs d’aluguers- même si, pour éviter un aluguer fou, justement, il a dû se mettre dans un fossé et que le pneu a éclaté.
Lorsqu’elle n’était pas en train de frôler la mort en voiture, en taxi ou en aluguer, ma maman a visité une très belle réserve naturelle, qui s’appelle Serra Malagueta, et qui vaut vraiment le détour (surtout si vous pouvez éviter d’y aller en aluguer, parce que la route, pour y aller… bref). Et pour se remettre de ses émotions, elle est aussi allée un peu se tremper dans la mer.
Réserve naturelle Serra Malagueta.
côte est (Santa Cruz, Calheta)
Voilà. Vous savez tout de l’épuisant travail de ma maman au Cap Vert :-D.
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Conseils de voyage, complétés par la maman de KKP: Etant partie avec 3 jours de préavis (pour TRAVAILLER, contrairement à ce que laisse entendre mon garnement de fils), je n’ai pas eu le temps de préparer mon voyage et je suis restée dans l’île principale (Sao Tiago).
Pour se balader, ce n’est pas super recommandé de se balader seule. Je me suis fait accompagnée par des guides locaux pour la plupart des excursions. Adressez-vous à votre hôtel/ pension pour leur demander de vous recommander quelqu’un.
Comme pour tous mes voyages, j’utilise le site Couch Surfing pour nouer des contacts avec des habitants (je rappelle le principe du site: des gens vous accueillent gratos sur leur canapé). Au Cap Vert je n’ai pas logé chez quelqu’un mais j’ai pu demander des tuyaux, bonnes adresses à une fille très sympa.
Les incontournables de Sao Tiago: Praia, réputée dangereuse, mais qui vaut quand même le détour notamment pour ses plages que j’ai trouvées vraiment sympa, en fin d’après-midi (tout le monde y va après le travail, ambiance très relax). L’ancienne ville Cidade Velha, à 20 mn en taxi de Praia. La réserve naturelle Serra Malagueta avec différents sentiers de rando très bien balisés. Les langoustes grillées :-).
Et pour le guide de voyage, évidemment, je vous conseille le Petit Futé Cap Vert :-D. Et si vous avez des questions, n’hésitez pas à me contacter en MP.